Je suis chargé de trouver une adresse pour un brunch avec
une amie parisienne et trois amis australiens de passage. Pas si évident, car
il faut concilier des personnes aimant beaucoup la viande avec des végétariens strictes. Je pense avoir
trouvé l’adresse idoine au Père Fouettard, 9 rue Lescot dans le quartier des
Halles, qui propose quatre brunchs différents, dont un végétarien.
Je réserve et on arrive tous juste avant 12h30. Un jeune
serveur prend nos commandes, mais comme il ne note pas et ne semble pas retenir
qui a commandé quoi, il s’emmêle déjà un peu les pinceaux. Pas grave. On est
rapidement servi le début du brunch : des petits pains et un petit pot de
beurre (pas vraiment assez pour cinq personnes), nos boissons chaudes et
froides.
On est content de se retrouver, on discute, mais on a quand
même faim. Un brunch, ce n’est pas si compliqué à faire. Une demi heure est
passée, et on réussit après plusieurs tentatives à choper le serveur, qui ne
semble pas comprendre notre question, pourtant simple : « notre
commande arrive-t-elle bientôt ? » Il finit par s’apercevoir -- en s’étonnant --
qu’on n’avait pas été servi . C’est plutôt surprenant que cela l'étonne, étant donné que c’est
lui chargé de nous servir, et que l’absence d’assiettes devant nous devaient
indiquer qu’il restait un truc à faire.
Il s’en va, et revient après un certain temps pour nous informer
que le ticket avait été « perdu » à la cuisine. Il n’a aucune trace lui-même
de notre commande et la reprend. Il nous assure que la deuxième commande sera
traitée très rapidement.
En attendant, aucune proposition de boisson ou de pain nous
est faite pour palier à notre faim et nous faire patienter (et signifier qu’il
reconnaît qu’il y a un problème). Je me lève et finis par trouver une jeune serveuse à qui je demande
du pain et du café. Elle l’apporte, et propose de revenir avec de l’eau chaude
pour les personnes ayant pris du thé, ce qu’elle néglige de faire. De ce fait,
une personne de notre table recommande un thé, ce que l’on lui apporte.
Vingt minutes plus tard on est servi. Le serveur (qui soit dit en passant résume les commandes en faisant le total de chaque article, ce qui ne marche que si nous clients on tient compte aussi des commandes des autres convives, ce qui n'est pas vraiment notre boulot). Il a du mal à nous servir, et place les assiettes devant le mauvais client de façon quasi systématique. Au bout du compte, il y a une erreur :
la variante saumon fumé d’un brunch anglais s’est transformé en variante bacon,
mais comme on n’a pas envie d’attendre encore, on ne dit rien (et comme semble être son habitude, le serveur s'étant rapidement enfui, on ne pouvait en tout cas lui signaler l'erreur)..
On mange, c’est correct, sans plus.
On demande l’addition, et on s’étonne de voir que le serveur
souhaite faire payer le deuxième thé. Le serveur explique que c’est normal. J’indique
mon mécontentement : après une grossière erreur de sa part, ça semble
étrange de vouloir faire payer une boisson qui n’aurait jamais été commandée s’il
avait fait son travail correctement. Il persiste, aussi demande-je de voir le
responsable.
La serveuse avec qui on n’avait déjà affaire convient avec
son collègue que c’est normal de faire payer la consommation. Elle reconnaît qu’elle
a oublié d’apporter de l’eau chaude, mais trouve que puisque tout le monde peut
faire une erreur, il n’y pas de faute (en gros). J’ai rappelé qu’on avait
attendu assez longtemps pour manger, du fait de l’erreur du serveur. Elle
répond que c’est dimanche, que moi et mes amis, nous ne travaillons pas (alors qu'elle, oui), et que ce n’est pas grave d’attendre
(comme elle ne sait rien de nos vies et nos projets pour la journée, c’est une
réponse saugrenue… en tout cas, je ne pense pas qu’il y a beaucoup de visiteurs
à Paris qui rêvent de passer leur journée à attendre à manger leur déjeuner).
Elle poursuit en disant que si l’on était pressé, on aurait du le dire. Je
pense que s’ils allaient faire n’importe quoi en matière de service, ils
auraient pu le dire aussi : on se serait passé de ce repas dans cet
établissement.
Elle a dit que comme son collègue s’était excusé plusieurs
fois, ça suffisait pour faire disparaître le problème. D’abord, même s’il s’était
excusé, cela concerne son comportement, et nullement le préjudice. Un thé
offert semble moins que le minimum à s’attendre après une telle déconvenue.
Ensuite, il ne s’était pas excusé. Lorsque j’ai informé la serveuse de ce fait,
elle a insisté qu’il s’était excusé. Je lui ai fait remarquer qu’elle n’était
pas présente lors de ces prétendues excuses, alors qu’elles s’étaient en
principe adressées à moi, et que je ne les avais pas entendues. Elle a persisté, me traitant de fait de
menteur, en disant qu’elle connaissait son collègue, alors que je lui étais un
inconnu. État qui risque de perdurer, étant donné mon peu d’inclination à
remettre pied dans cet établissement.
En fin de compte, elle retire le thé de l’addition :
comme c’était la conclusion évidente, on se demande pourquoi elle a tenu à
énerver davantage des clients mécontents, tout ça pour la marge sur une
consommation de 4,80 euros.
Un repas qui devait être sympathique terni par un
comportement du personnel inacceptable, c’est plus que regrettable. Les
visiteurs étrangers l’ont pris plutôt bien : pour eux, c’est normal d’être
mal servi, puisqu’on est en France.
Il semble que le personnel du Père Fouettard aux Halles soit
d’accord avec cet avis. Hélas.